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Cleaz Words
9 mars 2009

OUT OF DREAM

hits3


Je suis épuisé. Je n’en peux plus de me battre. Je crois que je vais lâcher. Comment expliquer…

 

Je n’ai jamais été doué pour les romances. Je n’ai jamais été doué pour la rigueur. Tout me lasse, je hais la promiscuité, le contact avec les autres. Peu de preuves d’amour. Peu d’amour tout court. Mais j’y croyais, comme on y croit tous. Les films, les chansons, les amours sont compliqués mais finissent toujours bien. Mais passé un temps, on est forcément déçu. Si on a été aimé petit, on y croit plus longtemps, parfois jusqu’au succès. Mais pas moi. Moi j’ai un fusil dans la main. Moi j’ai cette brûlure sur le bras et cette flamme dans mes yeux. On n’a encore jamais vu un assassin plaider la solitude à son procès. On ne peut pas construire. Alors on détruit. On détruit pour de l’argent. Puisqu’on ne peut m’aimer si je ne m’aime moi-même, alors je vais m’acheter une image. Les costumes, les chaussures en cuir, les vestes en velours descendant jusqu’aux pieds allongeant la silhouette. L’image du dandy. Le tueur triste, plein d’amertume. Buvant son whisky avant d’égorger vif, tout en prenant soin de ne pas salir sa belle chemise neuve. Pute de luxe qu’on ne paye qu’en cadeau et qui ont un respect usurpé.

 

Réflexion de comptoir. J’ai trop bu, mais je dois faire mon job. Le sang. Ce liquide en écoeure plus d’un. Les médecins n’y font plus attention. Moi je l’aime. Je suis comme un vampire. J’ai le goût du sang. J’admire sa texture, son odeur, sa disposition quand il gicle de la gorge de mes futurs cadavres. Cela me met en état de trans. Je vis, revis. Un jour j’ai essayé la religion. Ils m’ont parlé d’ouvrir mon cœur. Cela ne m’a rien apporté. Alors, prenant sur moi, j’ai ouvert le cœur des autres. Et oui, c’est un pur plaisir. J’aime le sang, j’aime la chair qui se déchire, j’aime les ligaments qui rompent, j’aime l’os qui craque. J’aime voir cette chose auquel on accorde toute notre importance, la vie, tenter de s’accrocher, puis désespérément s’éteindre.

 

Lorsqu’une bougie s’éteint, elle ne produit plus de chaleur. Un corps, c’est la même chose. J’aime attendre et sentir le corps si chaud devenir glacial. Cela efface mes dernières peur, mes derniers doutes. Un mort est froid. Bien plus que moi. Le whisky me réchauffe. Peut-être est ce pour ceci que je l’aime tant. J’aime aussi la musique. La douce voix de la chanteuse de Shivaree apporte toujours une touche d’émotion à mes meurtres.

 

Tueurs à gage. Je n’en peu plus. Je veux m’aimer. Je veux mourir. Je veux…

 

Je suis si lâche. Je ne peux plus m’arrêter. Des gens comptent sur moi. Des gens haut placés. Mes dernières scrupules, tenir un contrat…

 

Un dernier whisky, puis j’y vais. Apporter moi l’addition. Evidement que je vais vous tuer, vous ne pensez pas que je peux vous laisser dans mon secret, même si vous n’êtes qu’un pauvre serveur. Vous ne me croyez pas ? Je vais vous montrez qui je suis. Personne n’a cru en moi, mais je suis quelqu’un, et je peux vous détruire. Je peux vous détruire. Je peux me détruire…

 

Un autre whisky, sans glace, et promis, je rentre chez moi…

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