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Cleaz Words
9 avril 2009

Un grand homme

Wang_Du

Chapitre 1 : Douce agonie

 

 

 

La nuit était étoilée. Les constellations se mélangeaient au-dessus de sa tête. La petite ours, la grande. Tout était mélangé et ne formait plus qu’un amas d’étoiles glissés là de manière totalement arbitraire. Cela rendait le ciel encore plus beau, encore plus saisissant. Charlie Digard, la tête en l’air, regrettait de ne connaitre le nom de toutes ces étoiles. Certainement pas pour sa culture personnelle, mais il avait l’espoir secret de pouvoir découvrir dans la beauté du ciel une étoile vierge de tout regard auquel il aurait pu y donner un nom. Il aurait donné le nom d’une petite amie, sans aucun doute, juste pour pouvoir dire : « certaines jeunes filles portent le nom d’une étoile, toi, ma tendre et douce, une étoile porte ton nom. ». Et puis Charlie était en plein doute, que cela pouvait-il faire d’être un futur trader riche et socialement estimé, si n’importe quel allumé pouvait, le dos courbé, apercevoir une nouvelle étoile et se l’approprier. Le dos courbé…appuyé contre une barrière en verre, Charlie se redressa quelque peu, puis lentement il souleva un de ses pieds et se mit sur la pointe, courbe quelque peu le genou. Une de ses deux mains qui tenait son verre de whisky se glissa sur sa cuisse, et son pouce pénétra de deux centimètres à l’intérieur de sa poche. Il tenait sa position. Il tenait la position, celle qui signifiait qu’il était un garçon non seulement qui avait du goût concernant son costume trois pièces anglais de chez Burberry, mais en plus il était un garçon qui savait porter ce genre de costume. L’alcool qui avait envahit son sang irriguant son cerveau lui fit perdre quelque peu l’équilibre, mais il regarda autour de lui, personne ne l’avait vu. Il pu reprendre sa position, et s’alluma finalement une cigarette. Il ne fumait qu’en soirée, par plaisir disait-il, par vanité en réalité. La vanité. Ce type était brillant. Ou vaniteux. Ou brillant par vanité. Chaque fois qu’un mot intelligent sortait de sa bouche, son esprit, lui, pensait au bénéfice social que pouvait apporter ses bons mots. Il était son propre produit marketing. Il était égocentrique comme personne, et si brillant et intelligent que son discours paraissait toujours extraordinairement humble. L’intelligence social allié à l’orgueil lui conférait un machiavélisme effroyable et à la fois admirable.

 

Admirable mais pas trop. Car s’il était un homme brillant, tout le monde avait conscience maintenant de ses problèmes d’alcool. Charlie était un génie, un vrai, mais de ceux torturés qui n’arrivaient pas à lutter contre le conservatisme et les réactionnaires de son époque à la fois terriblement moderne et à la fois désespérante. Charlie connaissait tout sur tout, mais il connaissait aussi le pire. Les artistes qui décoraient des crottes de chiens à New-York autant que les cartes de rationnement de la vie de Smike Käszner, artiste danois découvert sur internet. Charlie aimait les blondes, grandes, superficielles, et donc il aimait les pays scandinaves. Charlie était fan du Sherman Mc Coy de Tom Wolfe, des héros de Bret Easton Ellis. Il voulait avoir l’élégance de Gatsby le magnifique tout en employant le langage de Beigbeder. Charlie était tragique, mais pas trop. Et il était terriblement drôle, terriblement charmant. Mais pas très beau. Charlie dans sa tête s’imaginait qu’il était l’homme idéal, cultivé, bientôt riche, avec une future bonne situation, et que s’il n’arrivait pas à séduire les jeunes femmes, c’était entièrement et uniquement à cause de la superficialité du monde contemporain, ne se rendant pas compte que seul sa propre superficialité le condamnait à son exil social dans lequel il s’était enfermé depuis maintenant trop longtemps.

 

La musique house dance club commençait sérieusement à l’ennuyer. Comme le fait qu’il avait flashé sur la copine de l’ami d’un de ses meilleurs amis. Il avait dansé quelque peu près d’elle, sentant que peut-être…Mais en fait non. Il le savait très bien, mais préférait se mentir en se disant qu’il était un type bien qui n’allait rien oser tenter avec une jeune fille déjà prise. Il devait être un type bien, ou peut-être un salop. Il ne savait pas trop. Il se devait d’être un cynique dans son image de futur financier qui n’en avait rien à foutre du monde.  Il devait écouter de l’opéra, et militer à la fois pour le retour de l’opéra presque autant que des Pixies. Il écoutait Schubert presqu’autant que Clap Your Hands and Say Yeah. Voilà donc l’homme moderne, aristocrate libéral. Mais au fond de lui, il était un romantique au cœur à gauche.

 

Il n’était là pour trois mois, retrouvant un ancien ami, dans cette ville qui lui était encore inconnu. Trois mois pour un stage de basses besognes mais lui permettant d’obtenir quelques lettres d’or sur un maigre CV que peu de relations lui avait permis de construire. La vie n’avait jamais été simple pour Charlie. Tout le monde l’estimait, mais il estimait qu’il n’était rien. C’était son problème, il était à la fois brillant et orgueilleux et à la fois triste et défaitiste lorsqu’il plongeait lentement le soir, seul face à un écran et de temps en temps une petite barre qui clignotait en orange, mais malheureusement trop rarement, et trop rarement avec le nom qu’il avait envie de voir. Charlie était moderne, donc seul. Charlie était bientôt riche. Charlie était trop souvent amoureux, plus qu’il ne le souhaitait. Charlie ne découvrira jamais d’étoile, et cette idée l’effrayait comme si l’on venait d’égorger sa mère, ou plutôt si on avait volé son portable, parce qu’il avait certaines priorités que peu de gens pouvait comprendre, et cela l’excitait, il était pathétique et se prenait pour Raskolnikov.

 

 

 

 

*

 

 

Horatio Shepard était devant son ordinateur depuis maintenant deux heures, et il était justement deux heures du matin. Pendant que Pollini jouait du Chopin, Horatio imaginait sa retraite dans une petite île, refusant avec sourire la sollicitation de journalistes un peu curieux, d’écrivains modernes fans son roman qui aura marqué tout une génération, de lecteurs fans ayant formé des groupes de musique avec le nom de son personnage, et de filles hystériques voulant coucher avec lui. Mais pendant ce temps là, son roman qui devait marquer toute une génération n’avançait pas. Pas une ligne. La faute à un pseudo. « Coup de cœur = so complicated ». Il n’était maintenant plus dans ses pseudos. Il n’était maintenant plus dans son cœur. Il avait exagéré, elle l’avait viré de sa vie à coup de non réponse, le pire des poignards. Il avait l’impression de s’être fait avoir. Il l’avait aidée quand elle se remettait de sa rupture avec son ex, sa meilleure amie avec qui elle était sortie après une beuverie et qu’elle avait considérée comme son âme sœur. Il avait était là. Et elle était partie. Il s’attachait, elle ne voulait pas. Il avait bu, presque insulté, elle était partie. Et elle semblait de nouveau s’attacher. Une douleur terrible l’avait pris au cœur, mais il ne pouvait rien dire. Il se surprenait parfois à sourire face au pseudo, tant c’était une fille géniale qui méritait de s’en sortir. Mais lui ne s’en sortait pas…

 

Il attendait les réponses des maisons d’éditions, il avait envoyé son premier livre par hasard. Il ne l’avait même pas envoyé lui-même, il avait chargé une copine à lui de s’en charger. Trop lâche pour tenter quoi que ce soit, pour se soumettre à une vraie critique, pour souffrir, pour vivre tout simplement. Il avait peur, savait qu’il allait recevoir des refus. Son roman était très moyen, malgré ce que pouvait en dire ses amis. Il n’avait pas confiance en leur jugement. Il rêvait que son roman était génial, et savait qu’il ne l’était pas. Il souffrait, terriblement. L’écriture était le seul espoir qu’il avait d’être au dessus quelque peu de la norme. Seul espoir…Il ne brillerait jamais par le sport, il ne brillerait jamais par son physique, il n’était pas musicien, il n’était pas engagé politiquement…Comment pourrait-il choper ? Car là était la question : Horatio voulait plaire. Et il ne voulait pas plaire après des heures de discutions sur internet ou après une année passée dans la même classe, il voulait plaire au premier regard, au premier coup d’œil, voire moins. Il voulait plaire par son talent, par son nom. Il voulait être bien plus qu’un homme à femme, il voulait être un fantasme.

 

Le pseudo ennuyeux était parti. Horatio se leva, prit un Coca-cola Zéro censé atténué l’inexorable croissance de son bide qui n’allait vraiment pas avec ses bras fins et ses jambes trop petites. Il ouvrit alors sa garde robe. Il allait remettre dans son armoire les habits de chez Zara, H&M, et des Galléries Lafayette qu’il venait d’acheter. Il aurait pu acheter tout dans le premier magasin qu’il avait parcouru, mais il lui apparut nécessaire de pouvoir se balader avec plusieurs sacs qui montraient qui il était. Il avait aussi un sac de

la Fnac.

Horatio

finalement décida d’essayer ses habits. Le temps n’était pas clément, mais des gants de cuir, une écharpe, une longue veste noire qui tombait jusqu’au bas de ses cuisses étaient plus que superflu au vu de la chaleur qui régnait encore. Il s’habilla, puis se regarda dans le miroir. Son écharpe n’était pas nouée comme il le voulait, il chercha alors sur internet comment avoir la classe avec une écharpe. Puis il se regarda de nouveau. Son visage était lisse grâce au fond de teint subtilement dérobé à sa mère. Il se devait d’être parfait. Il n’avait pas le droit d’être autrement. On devait dire de lui qu’il avait la classe. On devait dire de lui qu’il allait réussir. On devait l’aimer, l’admirer, le désirer…Il voulait qu’on l’aime au premier regard, il voulait qu’on le désir si ardemment que des milliers d’yeux devaient briller à son passage.

 

Horatio n’avait pas beaucoup de talent pour l’écriture. Enfin il en avait, mais son problème résidait dans le fait qu’il était incapable d’empathie. Tout ce qu’il était capable d’écrire, c’était sur sa propre psychologie. Cela permettait d’écrire certaines choses intéressantes de temps en temps, mais très souvent tout personnage qui n’était pas lui devenait creux. Car Horatio méprisait le monde qui l’entourait. Il était unique, il le savait. Il devait être talentueux, il devait briller…Il allait briller…

 

Horatio posa le livre sur l’art moderne qu’il avait acheté, le CD d’Hôtel Costes censé lui donné un style, et se mit devant l’ordinateur. Il était en train de préparer son deuxième roman, juste au cas où. Ca devait être quelque chose de grand. D’encore plus grand. D’encore plus ambitieux. Sa plume devait prendre un tournant. Plus de subtilité. Plus de finesse. Plus d’aristocratie, plus de noblesse. Il se devait d’être élégant. Il devait être aimé, terriblement… Il devait être désiré, violement…

 

 

 

 

*

 

Claire lisait dans son lit des histoires beaucoup trop tristes pour elle. Elle était sentimentale, un peu perdue. Elle voulait être une fille qui lisait Cosmopolitain, une fille qui riait devant Sex in the City, une fille heureuse et détachée de tout. Mais Claire était amoureuse, encore une fois. Elle ne pouvait s’en empêcher, son cœur faisait boum boum sans arrêt. Elle avait pourtant changé de vie, elle avait pourtant emménagé avec une fille qui était censée être comme elle, mais Claire était une fois de plus amoureuse. Un jeune étudiant en médecine, 22 ans, beau garçon, brillant, stable. Beaucoup plus stable que l’avant dernier, ce bougre d’imbécile qui n’arrêtait pas de l’harceler et de lui dire qu’il était heureux pour elle alors qu’elle savait pertinemment qu’il l’aimait toujours, elle la belle, lui la bête. Le dernier avait été un petit Anglais qu’elle avait rencontré lors de sa semaine passée à Londres avec sa nouvelle colocataire. Elle avait réussi, elle n’était pas tombée amoureuse ! Les séances de psy avait marché, elle était libre de son ex, libre de ne plus devoir vivre à deux, d’être indépendante. Oui mais voilà, Claire était amoureuse, encore une fois…

 

Claire était une fille à la fois simple et complexe. Simple dans ses désirs de vie en province, de boulot bien payé mais sans grandes ambitions, de petits copains, de vouloir devenir une femme célibataire. C’était le nouveau modèle social en ce nouveau millénaire. Des tonnes de célibataires avaient envahit le monde, ils étaient totalement sans attaches, parfois avec des enfants qu’ils ne voyaient que trois heures par jour, ce qui était plus que suffisant. Le nouvel équilibre était l’appartement simple pour célibataire. Les publicités montraient des trentenaires faisant briller leurs vaisselles ce qui permettait de montrer son indépendance. Les jeunes gens étaient responsables, actifs, ne buvaient qu’avec modération dans quelques soirées, et indépendants. Claire vivait dans cette contradiction, elle voulait cette vie de mère célibataire, mais elle était encore une fois tombée amoureuse. Claire était complexe dans le fait qu’elle compliquait tout. Il lui était si dur de reconnaitre qu’elle était devenue cynique qu’elle s’inventait des histoires compliquées. « C’est compliqué » était devenu une arme terrible dans le monde nouveau pour s’échapper de l’horreur que pouvait présenter sa propre nature…

 

Claire avait pleins de copines célibataires, ou en couple désirant tromper leur copain mais trop faible pour accepter que l’amour était mort et qu’il fallait accepter d’être cynique et indépendant. Totalement. Seul. Tout le temps seul, tout le temps accompagné de célibataires dans des soirées où le critère de sélection était uniquement physique. Physique certes, mais on parlait plutôt de charmant garçon. Charmant étant le mot à utiliser afin de ne choquer personne dans le fait d’avoir mis un inconnu dans son lit. Les garçons se contentaient du terme « bonne » pour des filles dont ils étaient pourtant amoureux…

 

Claire reçu un texto de son nouvel amant. Elle s’empressa de courir voir sa copine, fallait-il répondre ou pas ? Une réponse rapide vaudrait pour attachement. Or l’attachement était désespérant et signifiait qu’on allait bientôt larguer. Dans cette époque moderne, le meilleur moyen de dire à quelqu’un à quel point on l’aimait était de l’ignorer honteusement mais tendrement…

 

Claire était amoureuse et allait bientôt souffrir. Souffrir car l’amour faisait vivre donc faisait mal. Vivre vivre vivre… Claire avait choisit une vie et n’arrivait pas à s’y tenir. Encore une fois, Claire était tombée amoureuse…

 

Claire devait se reconnecter à internet, Claire devait demander plus d’avis, Claire avait besoin qu’on l’a conseille. Claire ne vivait plus que par les conseilles des magasines, ou plutôt de ses amis lectrices de magasines…

 

 

 

*

 

 

Horatio vit une petite fenêtre apparaitre. Son cœur palpita. Il devait l’oublier. Mais il n’y arrivait pas. Il avait le secret espoir d’être ce coup de cœur. Après tout, même si elle l’ignorait de manière presque méprisante, il avait aperçu lorsqu’il s’était retourné qu’elle l’avait regardé du coin de l’œil…Et si… Et si seulement… ? Horatio ne pouvait de nouveau plus écrire. Il cherchait un pseudo pour l’intriguer, pour qu’elle lui parle. Il voulait lui parler, mais il devait lutter de tout son cœur, de tout son esprit, de tout son orgueil…Il l’aimait encore, ou peut-être pas. Etait-ce de l’orgueil ? De l’amour ? De l’amour ou de l’orgueil ? Il ne le savait plus…Elle plaisait…elle avait du plaire à beaucoup de garçons…Mais si c’était lui ? Avait-il une chance ? Elle s’était déconnectée…

 

 

 

 

 

*

 

 

Marilyne Bisquât était belle. Elle était mannequin. Elle était mannequin et faisait des études à Science Po Paris. Brillante et belle. Riche car belle, un simple défilé était payé une fortune, et elle était de plus en plus demandée, ses yeux verts, son corps d’ange et ses longs cheveux blonds ravissaient tout homme normalement doté de goût. Maryline vivait dans un joli appartement avec son copain, Julien. Julien était grand, pas très beau, mais futur ingénieur, fils de dentistes. Il était riche, et il était amoureux de Marilyne. Marilyne l’aimait aussi, mais Marilyne l’avait aimé trop tôt. Ils s’étaient donc séparés quelques temps. Elle en avait profité comme jamais sur les plages privés de St-Tropez, dans les hotêls particuliers au cœur de Paris. Elle n’était pas riche de naissance ni née dans un milieu très tendance, mais elle avait lu suffisamment de Beigbeder, de Brett Easton Ellis, de Lolita Pills pour savoir gérer de manière tout à fait admirable de frivoles mondanités et de tendres vices. Marilyne pouvait avoir qui elle voulait dans son lit, et elle ne s’en était pas privée. Qui allait lui reprocher après tout ? Les filles n’étaient plus des salopes, elles avaient acquis de manière tout à fait normal les mêmes droits que les hommes, en particulier les mêmes vices. Mais de leur côté, ce qu’en avait retiré les garçons, c’était qu’ils avaient appris la douleur. Si ce n’était pas trop grave pour certains, d’autres s’en tiraient avec des peurs monstrueuses de la femme et du couple. La paranoïa générale était née à une époque où les liens disparaissaient, créant la violence dans des sociétés occidentales où le libéralisme devait apporter le bien et avait finalement fait exploser toute confiance. Pour résumé, c’est comme si la terre entière chantait Jealous Guy plutôt que We are the world.

 

Il n’y avait pas de problème de ce côté-là pour Marilyne et Julien. Ils s’étaient remis ensemble et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Marilyne était de plus en plus belle, de plus en plus brillante. Charlie lui avait pourtant dit qu’une fois que quelque chose était cassée, on ne pouvait jamais recoller les morceaux sans que la fragilité ce soit installée. Mais Marilyne voulait lui prouver le contraire. Elle n’était pas hypocrite, pas pragmatique. Elle était honnête, c'est-à-dire cynique, et donc heureuse. Heureuse, car belle, et brillante. Heureuse car les hommes autour d’elles se battaient mais lui souriaient toujours. Lors des combat de coq, la crête n’est pas pour impressionné l’adversaire mais pour la belle petite poule aux œufs d’or qui attends en draguant un troisième larron…

 

 

 

*

 

 

 

Charlie rentrait, portait par deux camarades. Du vomi sur du Burberry, c’est un peu comme une éolienne dans un champ de maïs. Les avis sont partagés : c’est drôle ou pathétique ? C’est moche ou esthétique ? Charlie n’en avait que faire, on lui pardonnerait. Ou pas. Mais cela lui importait peu. De toute façon il n’aimait personne. De toute façon, ils n’étaient personnes…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 2 : La valse des ambitions

 

 

 

 

 

Horatio allait droit à son casier. Elle passa à côté de lui. Sans même un regard. Puis elle se dirigea vers son groupe de copine et sauta de joie. Horatio hésita entre un sourire et sortir une arme pour faire un massacre. Mais l’architecture de son Ecole ne s’y prêtait absolument pas. Il aurait réussi au mieux à tuer deux, trois, peut-être quatre personnes maximums avant que chacun réussisse à s’échapper. Et il avait dans sa rancœur beaucoup plus que quatre personnes à massacrer. Le double voire le triple. Il commença une liste dans sa tête mais quelqu’un vient alors le déranger. C’était Martin. Horatio ne se souvenait plus de son prénom, mais ils disaient bonjour chaque fois qu’ils se croisaient, par politesse, ou certainement parce qu’ils avaient du passer une soirée alcoolisée une fois à refaire le monde, à insulter des ex, à rire, à pleurer, peut-être même à se battre. Une chose était sûre pour Horatio, ils n’avaient certainement pas fini dans son lit. C’était un bon début…

 

 

 

*

 

 

Charlie avait déjà fini son stage et flâner dans le kiosque de l’aéroport à la recherche d’un Vanity Fair pour qu’il puisse l’exhiber à la face de son voisin certainement pouilleux en train de lire dans le Figaro ou Libé des choses qui le dépasseraient certainement. Charlie ne trouvait pas et commencer à s’énerver. Prendre un TechnikArt était sympas, mais dépassé la tranche des 20-30 ans, il n’aurait pas l’air cool mais juste jeune. Un magasine sur l’art contemporain était une alternative intéressante mais un petit peu snob et risquait de susciter des réactions d’hostilité de la part à la fois des gens cultivés qui n’auraient pas aimé cet excès de bon goût et des pauvres d’esprit qui n’auraient pas aimé cet excès de bon goût. Charlie n’acheta pas de journaux, mais sorti son recueil de nouvelles de Salinger tout de même, histoire de. Il alla au bar, et commanda un whisky. Certes il était un peu tôt, mais il en avait envie, et du moment qu’il n’était pas bourré, on ne pouvait vraiment pas appeler cela de l’alcoolisme. Et puis un whisky, un livre à la main, tel qu’il était habillé, ca faisait cool. Vraiment très cool. Ou plutôt classe. Bref, Charlie était l’homme tel que tout le monde voulait être. Car ils avaient beau le critiquer les gauchistes, les intellos, les écolos, ils l’enviaient tous. A moins que…De toute façon Charlie ne se posait plus ce genre de question. La vanité était pour lui une valeur commune à tous les hommes, la seule différence résidant dans sa matérialisation, par la culture ou par l’argent, selon les personnes. Mais ils le savaient que tous voulaient le pouvoir. Il n’y avait qu’à regarder ces pauvres gens hurlant dans leur mégaphone durant les manifestations et autres grèves pour s’en rendre compte.

 

Il était temps de rentrer pour Charlie. Son stage s’était bien passé. On lui avait dit qu’il était brillant, lui reprochant seulement son manque de rigueur et de vérification dans ses chiffres. Mais Charlie s’en fichait, le contrôle ce n’était pas pour lui. Quand il disait quelque chose, s’était brillant un point c’est tout. Point la peine de se relire, de vérifier, il était brillant et génial.

 

 

*

 

 

Marilyne pestait contre sa secrétaire. Elle n’était là que depuis un mois et elle avait déjà une secrétaire, un des plus beaux bureaux de la boite, et des responsabilités plus que de raison. Mais elle avait ébloui très vite son monde. Elle était belle et douée. Elle réalisa sa première tache avec une telle application, un tel dévouement, et elle obtint un tel succès qu’elle avait était cataloguée dans les filles qui allaient très vite prendre le pouvoir. Sa secrétaire devait avoir 20 ans de plus qu’elle, deux enfants, un mari ivrogne, et elle n’était pas belle. Et cette grande pétasse lui menait une vie d’enfer. C’était injuste. Elle le savait.

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