TU M'AIMES ?
Une porte s’ouvre. Un jeune couple entre dans un studio
aménagé sobrement avec des reproductions d’œuvres d’art, un piano, un canapé
lit…L’homme pose les clefs dans un petit panier sur un meuble dans l’entrée
puis le couple enlève leur manteau… S’en suit une scène d’amour sans un
mot : le couple se déshabille mutuellement et passe doucement à l’acte…La
jeune femme semble totalement passive tandis que le jeune homme semble se
donner âme et corps à lui donner du plaisir…
Ellipse
…
On retrouve le jeune couple
dans le canapé lit enlacé l’homme la tête sur le sein de la jeune femme…
La jeune fille : Pourquoi m’aimes tu ?
Le jeune homme (se retourne de
telles sortes à s’éloigner un peu, les bras étendus, regardant vers le
plafond) : Je ne t’aime pas…
La jeune fille (se redressant
légèrement en se penchant vers lui) :
Si je suis dans tes bras, ce n’est que par usure…Tu m’as harcelé, poursuivi…Et
tu ne m’aimes pas ?
Le jeune homme : Non, tu ne comprends pas…tu ne peux pas comprendre…Je ne
t’aime pas. Je poursuis chaque fille que je trouve belle et qui pourrait
satisfaire mon image. Je n’ai aucun sentiment. Je n’aime que séduire. Les
belles femmes, mes amis…Je ne conçois pas d’autres relations que la séduction.
Je n’ai jamais été aimé, je ne sais pas ce que c’est. Mon ouïe aime la musique
contribuant à mon image. Je n’aime pas non plus les huîtres, mais j’aime ce
goût de luxe. Et ce parfum… Tu n’es rien, juste une échelle…
La jeune fille(se redressant
complètement assise) : Comment oses
tu dire ça ? Tu es plein de contradictions, tu dis ne pas t’aimer et tu
agis comme si au contraire tu n’aimais que toi…
Le jeune homme : Une fois de plus tu ne comprends pas… Je ne m’aime pas, et
je n’aime pas non plus l’image que je reflète… Car on peut se maquiller,
aspirer à être différent, on est toujours le même… Ce n’est pas ça que
j’aime…C’est uniquement l’image que j’aime, cet être parfait, qui séduit,
insensible, aimé, détesté, regardé… Juste un modèle de magazine, possédant
talents de grands artistes, forces physiques des meilleurs sportifs, élégance
et grâce… C’est la seule chose que j’aime, comme Dieu qui n’aime les hommes,
juste ce qu’il aurait voulu faire, comme un artiste déçu du résultat mais en
transe devant l’idée, et tu n’es qu’une étape…
La jeune fille : Allongé sur moi, tes lèvres parcourant mon corps…tu avais
du désir pour moi, dis le, ne mens pas !
Le jeune homme : Aucun, jamais…enlève-toi cette idée de la tête. Je ne
cherchais qu’à te satisfaire. Etre un bon amant, voilà l’unique but. Te donner
du plaisir, que tu me désires… Cela contribue à cette image de l’être parfait.
La jeune fille : Tu avais pourtant l’air si sensible…si tendre….
Le jeune homme : Et tu t’es donné à moi… je n’attendais pas ça quand je te
courais après…je voulais juste qu’on ai besoin de moi… (Se retournant
tournant le dos à la jeune fille)…je voulais juste que tu m’aimes un
peu…je voulais juste de la tendresse…juste une tête contre mon épaule…j’avais
tant besoin d’un peu d’amour…je me déteste tellement…Je voulais juste que tu
m’aimes un peu…pardon…